120 battements par minute – Robin Campillo

Un film bouleversant autour d’un petit groupe d’activistes d’Act-up, qui se battent pour l’accès au soin et à la prévention contre le SIDA

120 battements par minute, film français, a fait couler beaucoup d’encre pendant le Festival de Cannes 2017, où il a remporté le Grand Prix et la Queer Palm.

En 1989, Act-up Paris est créé, sur le modèle US, réunissant (au début) la communauté LGBT séropositive. Le virus sévit depuis plus de 10 ans et l’accès au soin et à la prévention est très en retard en France, avec une omerta sur tout ce qui entoure le SIDA. Act-up Paris va donc assez rapidement marquer les esprits, en opposition à l’association AIDS, en faisant des opérations coup de poing, comme habiller l’Obélisque d’un préservatif, lancer du faux sang à des conférences, débarquer dans une Cathédrale pendant la messe, débouler dans des lycées pour distribuer des préservatifs, et s’organiser en un véritable groupes d’activistes.

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Le film se déroule dans les années 92-95, où Nathan, homosexuel non contaminé décide de rejoindre le groupe et tombe amoureux de Sean, séropositif. Ensembles, ils participeront à l’élaboration de plusieurs actions, avec leurs autres camarades. Dans le groupe, des femmes, une mère de famille dont le fils de 16 ans est condamné, des copains séropositifs à des stades plus ou moins avancés… Act-up est divisé en plusieurs commissions (prison, étrangers, accès au soin…) et ont une politique de groupe très organisée : on applaudit pas on claque des doigts, on ne siffle pas on fait le bruit du serpent, on ne coupe pas la parole, on lève la main, on vote…).

Au delà d’organiser des parades à la Gay Pride, de trouver des slogans, et de mettre la pression aux laboratoires et au gouvernement (à l’époque, c’était Mitterrand et Fabius en ligne de mire), 120 battements par minute relate l’histoire de jeunes gens, condamnés, qui se battent pour l’accès à la vérité, à l’avancée médicale et à la prévention. Des histoires d’amour, d’accompagnement jusqu’au dernier souffle et de joie. On rit autant qu’on pleure. Les scènes sont superbement tournées, le rythme cadencé est entrecoupé par de superbes scènes de danses où s’entremêlent des images de cellules. Les acteurs sont vraiment incroyables, touchants, vrais, drôles, passionnés, tragiques. Pas de tabou, on y voit l’intimité, toujours dans un esthétisme léché, la peur, la folie, la joie, la colère.

Le personnage principal, Sean, joué par Nahuel Pérez Biscayart, change au fil des semaines et des années au sein d’Act-up, se radicalisant en lien avec l’avancée du virus et de la baisse de ses T4. Ce dernier en couple avec Nathan, se battra aux côtés de Jeremy, Tibault, Hélène, Sophie, Max, Germain…Autant de noms, autant de souffrances mais avant tout de courage.


C’est la première fois que je n’entends aucun bruit dans une salle de cinéma une fois le film terminé. Il assomme, une leçon de vie et de détermination, qui a permis une avancée majeure pour des milliers de Français. Le seul petit truc qui m’a manquée, serait un récapitulatif historique d’Act-up, avec les fruits de leurs actions depuis la création de l’asso (très nombreux à en lire les articles sur le net).

120 battements par minute est bouleversant, juste et mérite que vous alliez le voir. Il filme avant tout le désir de vivre, et si ce n’est pas pour soi, car le temps est compté, alors c’est pour les autres.


Vous pouvez toujours soutenir Act-up Paris qui n’a jamais cessé son activité. Rappelons que 6000 nouvelles personnes sont atteintes du SIDA chaque année en France, et 1 million en meurent dans le monde tous les ans.

J’ai envie que tu vives…


Pour info : tous les acteurs sont ouvertement homosexuels, rendant certainement le jeu très juste

Pour info : le titre du film fait référence à la House Music, avec un rythme de 124 battements par minutes. Cette musique était très en vogue dans les années 90.

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