De l’égo et de la pyro dans une Arena survoltée
Aie aie, je vais me faire lyncher car critiquer Rammstein c’est tellement mal vu ><. Le groupe a un tel auditoire et un tel aura qu’il est difficile de dire « je n’ai pas vraiment aimé ». Mais après tout, je dis bien ce que je pense sur mon site !
Paris fait face, comme dans l’ensemble de la France, à une vague de canicule, faut donc être taré pour aller faire la queue et aller s’enfermer dans une salle avec des flammes…On prend donc notre après-midi pour flâner dans le quartier Latin et se poser à l’ombre dujardin du Luxembourg :
Vers 18h, rebelote donc, à l’U Arena, où l’organisation a prévu les canons brumisateurs et la bière fraîche. La queue au merch’ est impressionnante…Avec des T Shirt à 35€, ils pouvaient bien nous offrir un briquet à l’entrée de la salle (qui servira pas mal pendant le concert)
Il est 19h, on est dans l’angle gauche de la salle (place à 95€…), on nous a distribué un briquet noir à l’inscription allemande et on attend gentiment la première partie en regardant les écrans de chaque côté de la scène qui diffuse des clips de Rammstein avec la musique de Rammstein. C’est bien la 1ere fois que j’assiste à un concert où la bande son n’est autre que celle du groupe vedette ! Je pensais que l’égo démesuré s’arrêterait là mais je n’avais pas encore assisté à la première partie. Vers 19h30 et pour 45 minutes, un duo de pianistes, Jatekok, se placent sur une scène en hauteur, carrée, placée au milieu de la salle. Quelle horreur cette scène, elle empêche un bon quart de la foule à se placer derrière car obstrue la vue et donc, vue de nos places, laisse un gros vide qui n’aidera pas à l’ambiance pour la suite.
Jatekok ont une carrière reconnue dans le milieu du classique et ont été appelées pour faire la première partie du groupe à Nimes, il y a quelques temps, puis toute la tournée actuelle. Dans une ITW du 27 juin 2019, elles expliquent que le groupe ne les a jamais rencontrées, et qu’elles doivent se démerder pour accéder aux différents lieux des show. Jatekok a donc du revoir son répertoire pour interpréter uniquement pendant cet interlude, le répertoire de Rammstein au piano. Le public est très réceptif et l’accueil chaleureux. On a donc eu les clips de Rammstein pendant l’attente, puis une première partie des chansons de Rammstein au piano. Bon, on ne va pas critiquer la prise de risque de choisir un duo comme Jatekok pour les accompagner sur cette tournée mais ça fait beaucoup de Rammstein avant même de les voir arriver sur scène.
L’ambiance est au beau fixe, les Ola ne peinent pas et les gens sont debout dans les gradins. A 21h10, le show commence avec une intro de Handel (Music for the royal fireworks) d’environ 5 minutes avec seul le logo R+ illuminé ! Les musiciens arrivent enfin un par un, avant que Till ne ferme la marche et entonne Was Ich Liebe. Le son est top et me rassure, hélas, au fur et à mesure des titres, ce dernier se dégradera de plus en plus et ne permettra plus d’entendre la voix du chanteur avec un trop plein de basses. Les gradins resteront à 50% debout et la fosse semble compacte. Dommage d’avoir ce trou géant devant nous à cause de la scène carrée de Jatekok.
Gros point négatif, aucun écran géant ! Autant la scène est très belle, esprit 1984 avec un semblant d’immeuble futuriste aux couleurs de Rammstein et de grands spots lumineux de chaque côté. La propagande est au cœur de la scénographie avec des draps suspendus qui tomberont au bout du 4e titre et le logo R+ toujours surplombant l’ensemble. Le centre de l’immeuble où se cache un ascenseur abrite également le seul écran géant de la salle mais qui sera très peu utilisé.
Je mets du temps à rentrer dans le show, peut-être à cause d’une setlist où tous les tubes s’enchaînent qu’à la fin ? Niveau surprise, pas grand chose, toujours les mêmes effets, aux mêmes moments et aucune communication. Alors oui, les pétards traversant la salle, on aime. La grosse machine sans âme, on aime moins :
On se retrouve toujours avec la lumière verte sur Du Riechst So Gut, les explosifs sur Du Hast, le chaudron qui flambe, le zizi géant éjaculant de la mousse…mais niveau nouveauté, rien ! Le seul moment foufou sera l’intro de Deutschland avec le remix complètement fou version disco avec Kruspe dans l’ascenseur derrière les platines et des danseurs aux contours corporels de néons blancs sur la scène. Comment transformer une arène de Metaleux en dancefloor néontique !
L’autre surprise sera une déception, à savoir une version chiante au piano de Engel où le groupe rejoindra Jatekok sur la petite scène carrée avant de repartir sur des canaux de sauvetages gonflés, portés par la foule en slam (ça c’était cool).
Les titres du dernier albums sont vraiment bons en live mais avec du recul et avec ce son merdique, on se rend vraiment compte que toutes les chansons de Rammstein sont composées sur la même base. Ce soir là, les sons subtils et les ajouts électro ne seront pas entendus, donc niveau rythmique, tout est identique.
Au niveau des briquets, la foule en usera et abusera. J’avais oublié à quel point la lumière chaude des briquets c’es clairement plus kiffant que les flash des appareils photos des portables. Rammstein avait vu juste en nous distribuant ces briquets. Enfin, le seul décor inédit sera sur le titre Puppe, avec un landau géant contenant un bébé maléfique. Till portait une caméra frontale retransmises sur le seul écran central (petit) où on apercevait l’intérieur du landau qui prendra littéralement feu à la fin de la chanson.
Les titres s’enchaînent, tout est impeccablement articulé et manque sérieusement d’humanité. A 95€ la place, j’attends plus que du pétard mouillé qui ne me fait plus rêver. J’attends du live autre chose que le CD studio. Hélas ce soir, aucune magie pour ma part. Alors oui, on crame avec tous ces puits de feu qui ne cessent d’être alimentés, on recrame avec Till qui en rajoute via son sac à dos lance flamme mais le son est trop mauvais pour profiter.

Il faudra attendre 2 rappels et le final pour enfin entendre Till s’exprimer « Paris, perfect, incroyable, on vous aime ». Ah, ils sont humains, ils parlent. Le groupe prendra l’ascenseur et disparaîtra dans un dernier bruit assourdissant de pétard après 2h, avant de laisser défiler, en bande son, une fois de plus, un de leur titre (Sonne)…Jusqu’au bout !
Tout le monde semblait étourdit et heureux, c’est le principal, mais pour ma part, je suis restée sur ma faim. Le groupe vit clairement sur ses acquis et sait qu’il a un public fidèle (ce matin, les places pour Ostende se sont vendues en 1h) alors pourquoi s’emmerder à créer des choses nouvelles. S’il y avait eu des écrans géants, un meilleur son et une fosse pleine devant moi, j’aurais certainement perçu l’ensemble différemment. Alors non, je ne suis pas blasée. On attendait la grosse machine, on l’a eue mais au final, ça ne fait pas tout. Bref, report mitigé.
Setlist :
Was ich liebe
Links 2-3-4
Tattoo
Sehnsucht
Zeig dich
Mein Herz brennt
Puppe
Heirate mich
Diamant
Deutschland
(Remix by Richard Z. Kruspe)
Deutschland
Radio
Mein Teil
Du hast
Sonne
Ohne dich
B-Stage
Engel
Ausländer
Du riechst so gut
Pussy
Rammstein
Ich will