Ghost – 18/04/22, Paris, Accor Arena

Un lundi de Pâques avec Papa Emeritus IV pour une messe noire des plus lumineuses !

Le “groupe” fondé et mené par Tobias Forge était de retour à Paris ce lundi 18 avril à l’Accor Arena (Paris Bercy) pour 1h45 de show taillé aux petits oignons ! Une soirée incroyable avec un public survolté, et une rumeur au bout de toutes les lèvres “Seront-ils la tête d’affiche manquante du Hellfest ?”

Après avoir fait la Cigale, puis l’Olympia en 2017 (lire mon live report) et le Zénith en 2019 (lire mon live report), Ghost a pu se payer le luxe de remplir Bercy. La progression du groupe est sans équivoque, marquée à chaque fois par la sortie d’albums aussi décriés par les fans de la première heure que plébiscités par la majorité. Le dernier et 5e album, Impera, sorti en mars, s’est hissé n°5 des ventes en France et dans le monde : n°3 en Australie, n°2 aux USA et UK, n°1 en Allemagne et Suède, terre natale de Tobias.

Le concept décliné dans Impera (régner) est celui de la fin des empires et la reconstruction sur leurs cendres d’un nouveau monde comme expliqué dans le titre qui ouvre l’album “We are building our empire From the ashes of an old” (Kaisarion – lisez les paroles, le titre parle de l’assassinat d’Hypnotia au sein du Caesareum dit Kaisarion en allemand, la cruauté des empereurs et l’emprise du christiannisme.)


C’est la première tournée avec ce nouveau Papa, le IVe de la dynastie, après le sacre de Cardinal Copia qui avait marqué une rupture avec l’album Prequelle. Ghost c’est donc une histoire*, ponctuée de ces différents Papa, mais surtout un travail d’orfèvre pour les compositions. Tobias Forge qui n’a pas eu le choix de se démasquer il y a quelques temps suite à une attaque en justice de ses anciens musiciens qui l’accusaient de ne pas les avoir assez payé (procès qu’il a gagné), signe toujours ses compositions par “A Ghoul Writer”. En effet, il aime l’anonymat et compose tout de A à Z et avoue sans complexe être un tyran des studios mais le résultat est là. Pour ce nouvel opus, Tobias a accepté de travailler avec d’autres musiciens (il ne pratique plus assez la guitare pour enregistrer ce qu’il a en tête) comme le guitariste Fredrik Åkesson d’Opeth. Toutefois, ce dernier n’avait aucune marge de manœuvre comme expliqué dans plusieurs ITW (lire les impression de Fredrik), Tobias reste seul maître à bord, et si ça déplait, la porte du studio est ouverte. On peut tout de même souligner qu’une piste de l’album comporte 16 canaux de guitares différents…Un travail de fourmis.

La tournée Impera, débutée aux USA avec Volbeat arrive début avril en Europe. Le groupe est accompagné par deux premières parties : Uncle Acid and the Deadbeats et Twin Temple. Pour le premier, c’était très sympa, dans la vogue doom psychédélique très rock, parfois heavy avec sur leur titre final Melody Lane, un sacré plagiat des Stones.


Rare sont les fois où les concerts commencent pile à l’heure mais connaissant Tobias Forge et son sens de la discipline, c’est bien sur à 21h00min00sec que Bercy tombe dans le noir avec comme bande son, des chants grégoriens. Vient alors l’instrumentale Imperium où on peut apercevoir de nouveaux profils de Ghouls derrière le grand rideau blanc qui tombera sous les notes du premier titre très efficace qui ouvre également l’album : Kaisarion

La messe peut enfin commencer, et l’arrivée de Papa Emeritus IV nous souhaitant “la bienvenue au spectacle” mettra la salle en euphorie. Dès le premier titre, Bercy est debout en gradin et y reste jusqu’à la fin, ce qui est assez rare pour être souligné ! 

La scène est habillée de gigantesques vitraux illuminés, avec à leur base, une réplique d’église avec de chaque côté des sculptures de pierres qui serviront aux guitaristes pour surplomber la foule. Les jeux de lumière créent de superbes effets pour rendre ces vitraux plus vrais que nature.  

Papa Emeritus est habillé sobrement sur cette première partie de concert ce qui lui permet d’être bien plus mouvant que les anciennes tournées : pantalon, chemise, gilet 3 pièces. Il changera 5 fois de tenue avec une autre toute noire et des ailes de chauve souris, une de Papa complète qui fera hurler la foule, une autre avec un cahpeau 3 cornes et une tenue bien plus disco-pop avec une veste bleue à paillettes, bien loin du cliché du clergé. Les Ghouls quant à eux ont également changé de masque, avec un style plus steampunk inspiré des Tusken Raiders dans Star Wars. On a donc bien fait un saut temporel avec Impera, direction l’ère Victorienne.

Le groupe enchaîne avec Rats puis From The Pinnacle To The Pit. Dommage que la balance mette un petit temps à remettre les riffs à leur place. Niveau pyrotechnie, quelques pétards explosent quand il le faut, remuant la foule et ne laissant pas de répit. Papa Emeritus laisse une belle place à ses musiciens qui se charrient les uns les autres, notamment pendant deux moments forts : une battle entre les deux guitaristes se concluant sur une Marseillaise, et la fin de Miasma légèrement revue, bien plus pêchue et rallongée.

L’un des moments forts a eu lieu justement sur Miasma avec l’arrivée surprise sur scène dans une boîte vitrée, entouré par 2 roadies, du défunt Papa Nihil ressuscité par défibrillateur pour jouer son célèbre solo de saxophone, c’était juste génial et nous a plongé à la fois dans le monde d’Alice Cooper et d’Iron Maiden avec une silhouette géante zombifiée, un peu pathos.

Il parle beaucoup, mais moins que les années précédentes. Il nous demande très souvent si tout va bien, si on passe une bonne soirée, ou si on a bien passé nous aussi 2 années merdiques. Il fera sa pub tranquillou en annonçant la sortie de son nouvel album et demandant si on l’a écouté, ou encore si on a vu le film Halloween Kills et si on l’a aimé (ndlr : le 1er premier extrait d’Impera, Hunter’s Moon a été dévoilé bien avant la sortie de l’album car le titre a été utilisé comme BO du film Halloween Kills..). Mais même s’il parle beaucoup, et donnant un peu d’âme, la voix est juste, puissante et tiendra sans problème les 1h40 de concert. La gestuelle est gracieuse et donne du relief au personnage. C’est fou comme un costume change un homme. Auparavant plutôt statique car coincé dans sa soutane brodée, on a pu avoir un aperçu de son jeu de scène avec la tournée de Cardinal Copia en 2019 mais cette fois, il a privilégié le jeu de scène aux costumes, bien qu’il est apparu en tenue papale le temps d’un titre pour le plus grand plaisir des présents ce soir.

Après un rythme effréné, il est temps de se poser avec le titre He Is où le public, de façon instinctive, allumera les flashs de son téléphone pour faire de Bercy, une superbe voie lactée. A peine le temps de se remettre de nos émotions, aucune pause n’est permis et le groupe continue de dérouler le set mais toujours pas de Twenties à l’horizon. Étonnant sachant qu’il a été choisi comme 2e single d’Impera. Plus d’1h20 se sont écoulées, Papa Emeritus annonce d’emblée qu’il ne reste que 3 titres, dont un qui, d’après ses dires, nous fera bien bouger notre cul. Pas de rappel donc, tout est organisé au cordo. Bien qu’il nous fasse choisir entre un titre « ballad » ou « heavy ». Evidemment, la foule a plutôt plébiscité un titre Heavy et ne fut pas déçue :

Le final des 3 titres comprend notamment la reprise de Metallica, Enter Sandman jouée à l’occasion des 30 ans du Black Album à la demande du groupe, aux côtés d’autres artistes comme Depeche Mode. On peut se demander pourquoi faire une reprise avec 5 albums bourrés de pépites, mais Tobias a répondu récemment dans le magazine Rock Hard France, que les royalties avec l’accord de Metallica, étaient reversées à une association de leur choix, à savoir une organisation caritative qui permet aux adolescents transgenre de partir en camp de vacances et d’avoir le temps de quelques semaines, un peu de répit et donc, il est important pour lui de continuer de jouer cette cover. Et puis, en réalité, personne ne boude ce choix car cette reprise est juste parfaite. 

Concernant la setlist, la part belle sera faite aux 3 derniers albums et beaucoup moins aux deux premiers album avec pour chacun, seulement un titre joué (l’excellente Year Zero, surement ma préférée en live, et Ritual). Les fans devront donc encore attendre avant d’avoir Idolatrine.

Le final sera appuyé par des flammes et des jets de confettis remplissant Bercy en ébullition qui hurle le refrain de Square Hammer. Papa Emeritus se lâchera dans une bataille simulée avec son guitariste allant jusqu’à tomber au sol, avant de revenir saluer la salle à 2 reprises devant des applaudissements et une standing-ovation qui auraient pu durer des heures. 


Quoi, c’est déjà fini ??

La salle ne se rallume pas malgré une fin ne laissant aucun doute sur un non-rappel. Après quelques secondes, l’écran principal de l’Accor Arena s’allume et laisse apparaître la vidéo suivante : 

Hurlements de certains qui, on s’en doute, ont leur sésame pour le Hellfest, ce qui est notre cas 🙂 . On avait parié sur eux car le Hellfest avait expliqué dévoiler le nom de sa dernière tête d’affiche (pour remplacer Faith No More) le 19 avril et faire une soirée spéciale après le concert dans son bar parisien, le Hellfest Corner.

Fin du show, direction le Hellfest Corner donc et l’Happy Hour pour celles et ceux qui étaient au concert afin de terminer en beauté ! 


Après 5 albums, Papa Emeritus n’est pas au bout de sa quête mais le chemin parcouru est énorme. Ghost est indéniablement installé dans le paysage du “Metal” mondial. Il ne cesse de créer que ce soit un univers, une histoire, des vidéos toujours drôles laissant entrevoir la vie du Clergé, de se réinventer, de prendre des chemins certes plus pop mais purement efficaces pour les oreilles, avec une complexité indéniable.

Habemus Papa Emeritus ! 


Setlist :

  • 1- Kaisarion
  • 2 – Rats
  • 3 – From Pinnacle To The Pit
  • 4- Mary On A Cross
  • 5- Devil Church
  • 6- Cirice
  • 7- Hunter’s Moon
  • 8- Faith
  • 9- Spillways
  • 10- Ritual
  • 11- Call Me Sunshine
  • 12- Helvetesfönster
  • 13- Year Zero
  • Spöksonat
  • 14- He Is
  • 15- Miasma
  • 16- Mummy Dust
  • 17- Kiss The Go-Goat
  • 18- Enter Sandman (Metallica)
  • 19- Dance Macabre
  • 20- Square Hammer

*Rappel historique et chronologique :

Au début de l’histoire des Papa Emritus, il faut remonter en 1969 avec Papa Nihil, dit Papa Zero. Ce dernier a eu 3 enfants à savoir les 3 Papa Emeritus, puis un batard nommé Cardinal Copia, avec Sister Imperator qui dirige le clergé. Papa Nihil a connu le succès dans les années 70 avec les titres Mary On A Cross et Kiss The Go-Goat sortis sur l’EP Seven Inches Of Satanic Panic.

Dans les années 2008, Papa Emeritus I prend la relève mais prend rapidement sa retraite en 2012 après l’ère Opus Eponymous, laissant la place à son frère : Papa Emeritus II. Ce dernier à l’origine de l’ère Infestissumam, a également sorti un album de covers If You Have Ghost (avec une reprise de Depeche Mode). Hélas, ne faisant pas l’unanimité au clergé et traité de connard par les Ghouls, il fut violemment renvoyé (putsch) et remplacé par son frère Papa Emeritus III.

Papa Emeritus III sera à l’origine de l’ère Meliora, album majeur dans la carrière du groupe, en équilibre parfait au niveau des compositions entre l’avant et le futur.

En 2018, Papa Nihil et Sister Imperator décident de tuer les Papa Emeritus I, II et III pour laisser place à Cardinal Copia, leur fils à tous les 2. Un peu con-con sur les bords, il sera à l’origine de l’ère Prequelle et partira en tournée avec les corps des défunts, exposés dans leurs cercueils de verre.

Après la mort naturelle de Papa Nihil en 2020 sur scène, à la fin de son solo de saxo sur Miasma, Cardinal Copia est promulgué Papa Emeritus IV. Commence l’ère Impera

==> pour tout suivre, regardez les vidéos « Message From The Clergy – Chapter » commencées en 2018. Le 10e chapitre a été mis en ligne récemment avec le retour du fils prodige au Clergé après un confinement… Les épisodes ne durent jamais plus de 3min et c’est toujours un régal. Sinon, je vous laisse avec une vidéo non officielle mais parlante de l’évolution des Papa :

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