Piquant, juste comme il faut
Après les avoir quittés en 2015 à Bercy pour l’inauguration de la nouvelle Arena, et l’annonce d’une énième tournée, j’ai décidé de faire un come-back scorpionesque et profiter en même temps d’un petit we Auvergnat. 21e concert du groupe, forcément, l’œil n’est plus neuf et les attentes plus grandes. Certes, le groupe n’a plus rien à prouver, si ce n’est auprès d’un public détracteur bien solide dans le milieu, que leur perpétuelle activité n’est pas vain.
Débutée en juin 2017 avec plus de 71 dates passant en Amérique du nord, Russie, Europe, Amérique centrale… La tournée The Crazy World Tour, (déjà utilisé en 90-91 et parce que 26 ans après, le monde est toujours aussi fou) déplace les foules même avec plus de 6 dates par pays que le groupe remplit sans trop de difficulté. C’est donc sans surprise que le Zénith Auvergne a affiché sold-out 3 mois avant l’événement.
Présenter Scorpions ? Millionnaires Allemands grâce à Still Loving You et Wind Of Change (hymne de la chute du mur de Berlin), le quintet est bien un groupe de Hard-rock aux mélodies raffinées et coups de guitares incisifs, avec un relief soliste/rythmique bien différencié, porté par une des plus belles voix du genre. Fondé en 1965, le groupe a dépassé les frontières d’une Europe de l’Est en pleine crise avec un concert événement à Moscou en 1991. Après une décennie, de 80 à 91 au sommet de leur création ayant suivi une ère tout aussi florissante dans les 70’s, le groupe a connu un déclin comme la plupart de ses confrères, au milieu des années 90’s, avant de renaître avec Unbreakable, pierre angulaire de leur 3e partie de carrière prolifique.
Emmené par le trio légendaire Schenker / Meine / Jabs, le groupe a su recruter en 95 un batteur Américain qui fera les grands moments des live à venir : James Kottak. Devenu un membre incontournable de par sa présence scénique, ses passages solos et ses frasques personnelles (qui lui vaudront d’être écarté afin d’être soigné), ce dernier quitte le groupe en 2015. Scorpions sans James, partant dans une nouvelle tournée mondiale après plus de 50 ans de carrière…couillu oui, mais pas sans filet de secours. Comment remplacer un monstre à part le remplacer par un géant ? Pari réussi, Scorpions peut désormais compter sur Mickey Dee, illustre batteur de Motorhead, orphelin suite au décès de Lemmy Kilmister fin 2015.
Placée en fosse, je suis surprise de voir une majorité de jeunes entrant dans la vingtaine mêlés aux fans de la première heure…Scorpions attire encore les foules, et sur une tranche d’âge bien plus large qu’il y a encore quelques temps. Certains ne les ont encore jamais vus et ont ce petit regard qui pétille tandis que d’autres sont nostalgiques d’un temps qui semble passer sur les visages, mais pas sur le groupe.
La première partie est assurée par Vandenberg’s MoonKings, fondé en 2014 et emmené par le guitariste Adrian Vandenberg. Ce dernier, connu pour avoir été au sein de Whitesnake de 1986 à 1991 (split du groupe), a également côtoyé MSG et Steve Vai. Assez naturellement donc, la musique de Vandenberg’s MoonKings ressemble à la mouvance glam-rock FM à longue chevelure 80’s, appuyé par 2 reprises de Whitesnake à la fin d’une représentation de 30 minutes millimétrées.
Fin du set, la scène s’habille d’un drap noir imprimé d’une statue d’acier surplombée d’un globe à la place de la tête aux mains électrifiées. L’impatience se fait ressentir bien que la bande son, qui n’a pas changée depuis plus de 10 ans avec les éternels Aerosmith, Rolling Stones et les moins bons Nickelback, permet de remuer les fessiers.
21h10, coupure lumière, lâché de drap et allumage des écrans géants annonçant une entrée de scène fracassante. Elle le sera, de façon soignée et efficace grâce à un film immersif 3D d’un vol d’hélicoptère. Frôlant des buildings jusqu’à percuter la statue d’acier, le tout sur un remix du titre Crazy World, l’entrée de scène est percutante. L’hélicoptère mal en point laissera s’échapper 5 cordes, reprises par la batterie de Mickey Dee qui promet pendant le show une surélévation, avant l’arrivée du groupe en trombe sur scène avec Going Out With A Bang issu du dernier album Return To Forever.
Klaus Meine arbore une veste en cuir à l’effigie d’un squelette, seul point changeant comparé à ses comparses vêtus de leurs jeans troués ou cuir moulant. La foule est vite happée dans l’ambiance et l’énergie dégagée par le groupe reste aussi vitaminée que toutes les tournées précédentes. Comment font-ils ? Rudolf saute en l’air, court, hurle, mouline ses cordes tandis que Matthias, sourire aux lèvres, place ses doigts à une vitesse folle. Mickey Dee s’éclate, il rayonne de bonheur et donnera tout ce qu’il a en tapant inlassablement sur ses peaux de batterie, sans oublier de partager avec le public. Pawel quant à lui partage comme il sait le faire, c’est-à-dire à l’image d’un « bassiste », calme dans son coin. Klaus sera tout aussi heureux de revenir à Clermont après 7 ans, bien que vocalement, je l’ai trouvé plus fatigué. Ce dernier ne se lancera pas dans des titres risqués et ne tiendra pas les notes dans la durée comme à son habitude. Cependant, je peux vous assurer que les néophytes n’y ont rien vu et que j’ai pu entendre « putain, il a la même voix que sur les CD même à son âge ». En effet, il a la même voix, c’est clair et juste, manque juste un p’tit rien du tout de puissance.
On peut reprocher à Scorpions des titres radiophoniques grand public, mais pas leur présence scénique. Ils n’ont jamais fait de demie-prestation, où qu’ils sont, et dans n’importe quelle situation psychologique, Scorpions donnera toujours 200% de sa capacité.
Aucune coupure entre les titres, ça déroule, et ce, pendant 1h45 ! Bien que je sois déçue de la setlist et particulièrement du medley « slow » pourtant sublimé par un superbe halo de lumière, je ne verrai pas les 17 titres passer. Déception car absences comme Holiday, Always Somewhere, No One Like You, Humanity, In Trance, We’ll Burn The Sky, Sting In The Tail…à l’inverse, Matthias Jabs aura un solo d’environ 10 min avec Delicate Dance, rappelant un Six String Sting joué sur le WWL 84. Bien évidemment, Coast To Coast reste présent et toujours aussi plaisant, permettant à l’ensemble du groupe de faire face à la foule, sur l’avancée de scène, guitare ou basse à la main. Mention spéciale pour le medley 70’s avec des titres rares comme Steamrock Fever, et pour l’hommage à Lemmy Kilmister de Motorhead avec la cover d’Overkill, accompagnée par des images N&B du défunt chanteur.
En ce qui concerne le show, comptez sur les lancers de baguettes de Klaus pendant The Zoo, la guitare au pot d’échappement fumant sur Blackout, les jeux de lumières, les courses et sauts de Rudolf, les sourires de Matthias et la musicalité propre à Scorpions. Idem, que serait un concert de Scorpions sans le solo de batterie de James Kottak ? Mickey et sa batterie se soulevant dans les airs l’ont repris, avec une première partie personnalisée puis une seconde calée sur celui de James.
La recette ne change pas. Pas de surprise hormis la setlist pourtant figée depuis le début de cette tournée et un modèle de guitare utilisé par Rudolf sur Blackout. Si vous aimez Scorpions, vous serez ravis mais si vous êtes fin connaisseur, il vous manquera un léger venin…
Cependant, voir Scorpions sur scène vous assurera un excellent moment visuel et auditif, bien que les 2 membres fondateurs, Klaus Meine et Rudolf Schenker fêteront leur 70e anniversaire d’ici quelques mois. Pourquoi raccrocher le manche si le public suit et que le groupe reste à la hauteur ? Certes, leur dernier album n’est pas très bon et la setlist pourrait être bien meilleure…Les avoir vus autant ne permet peut-être plus d’apprécier avec un œil pétillant mais de plutôt focaliser sur les défauts, toutefois au final, je m’éclate toujours autant. Contente de vous avoir revus messieurs.
Prochaine chance de les voir : 26 juin 2018 – Paris, Accorhotels Arena
==> Galerie Photos <==
Setlist :
- Going Out With a Bang
- Make It Real
- Is There Anybody There?
- The Zoo
- Coast to Coast
- Top of the Bill / Steamrock Fever / Speedy’s Coming / Catch Your Train
- We Built This House
- Delicate Dance
- Follow Your Heart / Eye of the Storm / Send Me an Angel
- Wind of Change
- Tease Me Please Me
- Overkill (Motörhead cover)
- Drum Solo
- Blackout
- Big City Nights
- Still Loving You
- Rock You Like a Hurricane