Une soirée inoubliable de Dark-Cold Wave me plongeant dans un temps que je pensais ne jamais pouvoir vivre
Une semaine après l’excellent prestation de Punish Yourself à la Machine du Moulin Rouge de Paris, me revoici au même endroit pour une soirée de duos tout simplement intemporelle.
Au départ, je venais pour She Past Away mais lorsque j’ai vu qu’ils étaient accompagnés par Selofan et Lebanon Hanover, c’était la cerise sur le méga gâteau. L’affiche n’est cependant pas due au hasard car les 3 groupes font partie du label Remoov lancé par le producteur de She Past Away, devenu depuis membre à part entière derrière les claviers.
Je suis venue pour profiter avant tout, c’est pourquoi, et une fois n’est pas coutume, aucune de mes photos ou vidéos n’agrémenteront cet article, hormis une prise avec mon téléphone à la fin de l’article.
La soirée commençait avec Selofan à 19h, pour 45 minutes de set parfait. La salle est pleine à craquer, ce qui fait plaisir pour une heure si peu tardive. Selofan est un groupe Grec mené par le duo Joanna Badtrip (chant) et Dimitris (claviers/basse/saxo). Sous le slogan « demain nous serons des fantômes, aujourd’hui nous sommes des monstres », le ton de la soirée est donné. Le groupe a une puissance sonore incroyable et sait happer l’assistance avec une diffusion de films sur grand écran, tous aussi bizarres les uns que les autres. Quoi de mieux comme promo que de diffuser ses clips pendant sa prestation live finalement ?
Absorbée par l’univers filmique et l’ambiance sonore 100% Cold Wave, je ne vois absolument pas passer le temps et suis frustrée que ça se termine si…vite. Joanna avec son maquillage outrancier en forme de barre sur les yeux, sa coupe punk à tresse et sa robe rouge à large ceinture noire cuirassée, est un subtile mélange de Katie Stelmanis (pour la voix et physique), Stevie Nicks (dans sa façon de bouger et de toucher sa robe), Dead Or Alive ou Cindy Lauper (pour le maquillage), tandis que Dimitris arbore une chemise légère noire à motifs blancs fermée jusqu’en haut du cou.

La chanteuse a une voix caverneuse captivante et froide, se calant à merveille sur les nappes de synthés 80’s. La salle en redemande et le groupe est ravi de pouvoir revenir pour un rappel ! J’étais en immersion totale dans un monde que je ne voyais que sur de vieux clips ou reportages des club underground des débuts 80’s. Ça moove de la même façon en fosse que les jeunes des 70’s devant Bahaus ou Joy Division. L’atmosphère semble s’être figée à ces époques, et moi, je suis là, je flotte là dedans et ça me rend euphorique de l’intérieur.
Le public est multi-âge, au style vestimentaire très sexy dark (chaines autour du cou, bustiers noirs, cuirs, casquette militaire) et bien qu’avec mes baskets et ma p’tite doudoune Quechua (bah oui, je viens pépouze en concert, faut être à l’aise ><) j’ai réussi à me fondre dans le moule en dandinant ma tête et mes p’tites épaules de façon très robotique.
Les grecs ont réussi une superbe prestation et j’ai regretté que le marchandising n’accepte pas les CB pour investir dans un de leur album. J’ai par la suite ré-écouté sur Deezer et y’a pas à chier, en live, ça change tout ! Quelle claque !
Selofan a tout, à savoir des compositions intéressantes, un show impeccable et une meneuse charismatique voire intrigante (surtout quand elle caresse son écrevisse en plastique).

A 20h, c’est au tour de She Past Away d’entrer en scène ! Mon moment ! Le seul et unique groupe Turc au monde dans ce style musical. Le duo devenu trio puis finalement re-duo, ne sort que des pépites à chaque nouvel album. Derrière ce groupe se trouve Volkan Caner (chanteur/guitariste) et Doruk Ozturkcan (claviers) tous les deux originaires de Bursa en Anatolie.
Inutile de préciser qu’avec un nom pareil, on ne va pas chanter la floraison des pâquerettes…mais quelque chose se rapprochant de l’univers des grands noms comme Sisters Of Mercy ou The Cure (une cure plus vitaminée, je l’admets). C’est d’ailleurs avec le titre Rituel que je les ai découverts, aux sonorités très Forest justement.
La prestation est largement à la hauteur de mes attentes. Pas besoin d’écran géant ou de décor, le duo a une telle Aura naturelle et des compositions claquantes que la magie opère en un accord. Habillés de noir, l’un avec une coupe à la Robert Smith tandis que le second a opté pour un noir à lèvres et noirs aux paupières, les titres s’enchaînent malgré quelques petits problèmes de lancement à 3-4 reprises, rompant le rythme effréné.

La voix est glaciale, placée, imperturbable. Du haut de ses 1m60 (pas vraiment plus), Volkan scrute la salle sans bouger comme absorbé par ses paroles. La salle est gonflée à bloc, et bouge toujours de la même façon, deux coups de têtes à gauche, deux coups de tête à droite, le tout dans un petit mouvement d’épaule, so end of 70’s.
Vous reconnaîtrez dans le clip Joanna, chanteuse de Selofan et William Maybelline de Lebanon Hanover…Le monde est petit chez Fabrika Records.
Bien qu’ils chantent exclusivement en Turc, on ne se sent pas dépaysé. Ce qui peut sembler le plus déroutant est la voix très saccadée venue d’outre tombe, cassant les angles de leurs compositions plutôt entraînantes. 1h c’est trop peu, mais le groupe reviendra pour un rappel et aurait pu revenir pour un second si la soirée n’était pas aussi « timée ». Quel excellent moment. Le son était d’une perfection, tout pour apprécier le génie de ce duo devenu maître en matière de post-punk.

Setlist :
İçe Kapanış II (Intro)
Ritüel
Katarsis
Ruh
İnsanlar
Bozbulanık
Asimilasyon
Monoton
Kasvetli Kutlama
Kemir Beni
21h15, place à Lebanon Hanover. Duo venu de Suisse et d’Angleterre habitant en Allemagne avec un nom Libanais…vous êtes perdus ? On s’en fout un peu mais sachez que la chanteuse se nomme Larissa Iceglass et William Maybelline (dont les noms véritables sont Larissa Georgiou et William Morris).
Très honnêtement, je ne connaissais pas vraiment Lebanon à part quelques titres découverts l’année dernière. Je m’attendais donc à être surprise mais hélas, je peux dire que je me suis vraiment emmerdée durant les 3/4 du show. Ils ont embrayé la Machine avec leurs 3 derniers titres, et là, je dis OUI ! Avant ces 3 titres, l’ambiance était dépressive et minimaliste, voire très calme, contrastant avec les 2 autres groupes. Difficile donc de rester dans l’euphorie. Cependant, Lebanon a une plus grande notoriété que les deux autres, ce qui lui valait d’être programmée en dernier. Bien que le groupe ait été rejoint par Dimitris de Selofan pour un bout de saxo, le duo ne transpire pas vraiment sur scène. Dès l’entrée, un gros problème de guitare empêchera Larissa d’interpréter la chanson et laissera William gérer seule sa partition de basse. Ensuite, de nombreux problèmes de séquençage lançaient les mauvaises boucles et laissait le public dubitatif.

Toutefois, Lebanon Hanover avait bien évidemment sa place ici avec sa musicalité « depressive », sa voix grave et ses sons électro alimentant une ligne de basse impeccable. William apporte toutefois une note exotique à tout ce qu’on a pu voir à travers sa danse expansive, saccadée et bestiale. Il est possédé et partira dans des hurlements lyriques fabuleux ! Et il faudra compter sur l’excellent Totally Tot pour libérer la bête :
On surkiffe Totally Tot (qui me rappelle Broken English dans sa ligne de fond en version Midnight Express, une vraie perle en puissance) mais on adore aussi Gallowdance ou Du Scrollst. Le groupe se paiera le luxe de 2 rappels, avant de saluer la foule aux côtés de Selofan et She Past Away venus les rejoindre.

Setlist :
Alien
Petals
Hall of Ice
Favorite Black Cat
Ice Cave
Fall Industrial Wall
Gallowdance
Totally Tot
Du Scrollst

Cette soirée était parfaite et ces groupes, non sans rappeler la mouvance Post-punk n’en sont absolument pas de pâles copies. Le renouveau dans le déjà entendu, et alors ? Je vis ce que certainement mes parents ont pu vivre à l’heure de la naissance de groupes tous aussi déments ! La musique est un éternel recommencement et je peux vous assurer qu’en 2018, le post-punk revit comme jamais ! Turquie, Grèce, Allemagne…exit les sempiternels UK et USA. Les influences sont solides, les créations d’autant plus belles.
A revivre de toute urgence !
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