Quand tout un public fait chavirer, avec 3 capitaines à bord, le Bateau Ivre
Ce début d’année commence fort avec cette nouvelle soirée organisée par Riipost asso pour la sortie du nouvel album de Drakwald. À peine le temps de se remettre du Winteriip mi-décembre qui avait vu entre autres, la présence de Suicidal Angels en terres Tourangelles, l’asso, connue aussi pour son RiipFest, proposait donc une release party avec 3 groupes au Bateau Ivre à Tours (6€ en prévente, 9€ sur place).
Concernant la salle, dans la région on ne la présente plus, avec ce projet de coopérative menée par le collectif “ohé du bateau” qui l’a sortie de l’eau et on les en remercie. La dernière fois que j’ai foulé cette salle j’étais à la fac… Il y a donc une bonne dizaine d’années. L’esprit semble toujours le même et je leur donne un bonus pour le bar qui propose des bières de la P’tite Maiz, chauvin oblige mais surtout une Gose et une Imperial Stout !
19h30, il y a déjà une belle influence et dès 20h30 pour le début des hostilités, on pouvait presque y voir une salle pleine !
20h30 – Toungouska
Point culture, Toungouska est le nom d’une explosion qui a eu lieu en 1908 en Sibérie suite à la chute d’un objet céleste. En gros, on s’attend à une explosion de décibels bien fracassants et lourds, d’autant plus qu’ils se classent en “post black metal”. Oui encore des cases, vous les mettrez bien où vous voulez mais il faut bien donner une orientation.
Ce trio originaire de Tours s’est formé en 2019 et a déjà sorti un EP. Les trois musiciens William, Greg et Steeven sont issus de divers horizons musicaux et proposent ainsi, musicalement, des choses très solides sur le fil du rasoir entre Doom, Drone, Black et Stoner. Mais scéniquement, qu’en est-il ?
Certes, ils ont fait “l’effort” de venir avec des capuches tous vêtus de noir, des jeux de lumières très sobres qui oscillent entre rouge et bleu, mais ça reste trop léger et on ne peut pas dire que le son de la salle les a aidés. La batterie ne sonnait pas lourdement, ce qui créait une dissonance parfois déplaisante avec une basse bien présente comme on s’y attendait. Au niveau du chant rien à redire mais le manque d’échanges avec le public ne l’a pas encouragé à être réceptif à un style aux antipodes du groupe suivant. De plus, la longueur des titres demandent de plonger de suite dans l’univers, sinon difficile de rattraper le blast, mais c’est leur patte, il faut l’assumer pleinement en live.
Difficile d’ouvrir une soirée mais pour un trio formé il y a 4 ans, avec une pandémie entre-temps, je dis bravo de venir défendre son EP avec seulement deux prestations au compteur avec celle-ci. À suivre..
- Leur site web
21h30 – Toter Fisch
Toter Fisch au bateau Ivre, on peut dire comme des “poissons dans l’eau” ! Ils avaient leur public ce soir à en croire les tricornes et les T-Shirt parsemés aux 4 coins de la salle. En même temps, 4 ans que le groupe n’était pas venu jouer bien qu’ils soient originaires de la ville (même si un peu éclatés entre Tours, Paris et Lyon). Logique donc que l’accueil soit chaleureux, prêt à exploser à la moindre note. C’était sans compter sur le groupe qui a bien sûr mis le feu aux poudres !
Niveau scène, ils savent y faire et ils y vont à fond, c’est ce qu’on attend d’un groupe classé “folk metal” mais pas que, plonger le public dans son univers est ici une réussite : lanternes, gouvernail, costume de pirate dans les moindres détails, squelettes, drapeaux, maquillage noir outrancier sur les yeux…Le groupe entre sur une musique épique puis laisse place à l’accordéon qu’on n’entendra hélas pas assez une fois l’ensemble jouant tout au long du set. Bien que le son de la salle ne soit pas au rendez-vous, l’ambiance reste survoltée du début à la fin avec des pogos, un wall of death, des circle pit…
Le groupe est très communicatif, le chanteur ira jusqu’à demander à l’audience de s’asseoir complètement avant de sauter au doigt et à l’œil ! On apprécie que les 4 musiciens (laissons le batteur avec tout son barda sur place) ne restent pas statiques et aillent visiter chaque recoin de la scène et soient attentifs à chaque personne présente ici. Ils joueront 2 nouveaux morceaux à paraître sur leur album prévu cette année qui se sont noyés facilement dans le reste du set dédié à leur premier EP. Le son est tantôt festif, tantôt heavy, tantôt sombre voire mélancolique comme sur Epilogue, ce qui fait de Toter Fisch, un kraken aux tentacules acérées que rien n’effraie ! Pirate Metal oui mais avec un background death très solide !
Bonus au nouvel arrivant dans l’équipage, le guitariste Tanguy, très à l’aise, avec un charisme captivant que ce soit au niveau de la carrure qu’au niveau de sa technicité. Bref un excellent moment, et on espère les revoir prochainement, pourquoi pas pour leur propre Release Party ?
PS : le groupe a terminé l’enregistrement de son album le jour même du concert. Pour le moment, pas de version vinyle prévue, on leur souhaite donc de trouver un label qui leur permettrait la sortie d’objets allant de pair avec leur scéno.
- Setlist
- Legend
- Back To Nassau
- New Song #1
- Maelstrum
- Cursed
- Mamiwata
- Epilogue
- New Song #2
- Dancing In The Fog
22h40 – Drakwald
La soirée était en leur honneur (release party) et il fallait assurer, en mettant le feu…et on peut dire qu’on ne pensait pas si bien dire. Drakwald, déjà chroniqués par mes petits soins en 2018 avec un 8/10 à l’applaudimètre n’avait pas sorti d’album depuis 7 ans. L’événement est donc de taille avec leur 3e album Black Moon Falls.
Évoluant dans un style Death Metal Irlandais/Folk Metal, les 4 gaillards qui ont pris de la bouteille mais aussi de l’expérience depuis la dernière fois que je les avais vus, arrivent donc dans une salle surchauffée.
Il faudra tenir la mesure mais hélas, le soufflet retombera après le début du set. Le son est pourtant un peu meilleur même si la flûte et la cornemuse ne sont pas vraiment mises en avant. Le groupe est content de retrouver son public mais reste un peu timide sur le début du set et lorsque la mayonnaise commençait à monter, il y eu un petit incident technique : un excès de fumées froides déclenche l’alarme incendie du Bateau Ivre, plongeant la salle dans le silence bercée par une voix off “merci de vous diriger vers les sorties de secours”. Après 20 minutes de battements un peu flou, le groupe tentera de distraire que ce soit avec la batterie ou la flûte, nous aurons eu, en quelque sorte, un petit bonus. Mais il faut reprendre le show et Drakwald sur ce coup, a assuré, faisant chavirer le public du bon côté de la vague. Les premiers slams de la soirée apparaissent et c’est le retour des circle pit !
Scéniquement, le trio est un peu figé, concentré sur sa performance technique mais personne ne leur en tiendra rigueur. Par chance, les fumées ont dû déboucher les enceintes car le son de leur 2e partie de set était presque parfait. Le groupe peut enfin dérouler la machinerie, c’est propre et le semblant de monotonie est vite balayée par les compositions celtiques semées par-ci par là, Drakwald n’a rien perdu de sa superbe !
- Setlist
- Devouring The Living Sun
- Burning Clouds
- Storm of Embers
- Doomsday Argument
- Let The Slaugter Begin
- Chasm Of Ignorance
- Blood and Glory
- Despair Of The Last Men
- Under A Rain Of Soot
- Erase By Fire
Avec cette soirée réussie, la scène tourangelle montre qu’elle est d’une, présente, mais aussi perenne avec des groupes qu’on peut se targuer de suivre depuis plus de 5 ans et qui font leur petit bonhomme de chemin. Pied à terre moussaillon, mais pas pour longtemps !