Pour ce « jamais 2 sans 3 », Depeche Mode m’a transportée là où eux seuls ont le secret
Après Nice (live report sobrement intitulé « 2h15 avec le plus grand groupe du monde ») et Lille (pas de live report), il est temps de retrouver pour la 3e fois Depeche Mode et de clôturer cette tournée d’été. Et quoi de mieux qu’un Stade de France ?
j’ai regardé la météo toute la semaine, la pluie allait-elle gâcher la Black Celebration ? Mais c’est sans compter sur le pouvoir de Dieu, alias Dave Gahan, qui, par miracle, a su disperser les nuages menaçants et nous laisser sous un soleil radieux et ciel bleu de 17h à 01h !
Nous sommes 5, séparés à 2 portes opposées mais desservant chacune la pelouse or du stade. Il est loin le temps où en 2009, nous avions dormis dehors pour être au premier rang, c’était un 27 juin, sous un soleil de plomb ! Là, faut pas déconner, on va tenter le devant mais en se plaçant vers 16h (la pluie incessante nous a découragés d’y aller avant). Impressionnant le nombre de personnes avec des vestes Hellfest, pour le coup, on se lance dans le cri de ralliement du « ApérooooOOOOo ». Comme quoi, Depeche Mode a vraiment une place unique dans le monde de la musique.
18h pile poil, les grilles du stade ouvrent, c’est le moment stress de la journée : passer une fouille sans encombre, perdre le moins de temps possible, trottiner pour ne pas se faire engueuler de courir et ne pas se foirer sur les personnes devant nous du genre 1,9m de haut…18h15 on est dedans, et proche à 1m de l’avancée de scène, royal ! Royal finalement c’est le mot car qui se pointe devant nous ? Le roi du clip Enjoy The Silence, et nous fera chier tout le long du concert avec sa couronne….
19h15, info exclusive lancée par le groupe sur les réseaux sociaux « pour célébrer le concert de ce soir, nous vous annonçons que les dates de la tournée d’hiver passeront par l’AccorHotels Arena le 3 décembre et l’Arena Bordeaux Metropole le 24 janvier ». Bordel, il va encore falloir faire des pieds et des mains pour choper des places, mais soulagement, ce soir ce sera pas la dernière.
Dans la fosse, des têtes familières, contente de retrouver de vieilles connaissances, avant que la première partie démarre. Il s’agit d’Algiers, un quatuor Américain mêlant musique électronique, rock et gospel. A la première écoute ça sonne expérimental mais on sent le potentiel qu’ils ont en eux s’ils lâchent les chevaux. Il faudra pour cela que le batteur se coupe ses cheveux gras ignobles, que le bassiste/claviériste arrête ses danses mystiques ridicules, et que le guitariste s’affirme et arrête de vouer un culte à la Andy Fletch. En gros, il n’y a que le chanteur/pianiste aux Ray-Ban qui tient la baraque. Il a exactement la même voix que Ty Taylor de Vintage trouble, mais physiquement, bien qu’il soit de couleur afro et même coupe de cheveux, les 2 sont aux antipodes côté dynamisme. Le groupe jouera 8 titres soit environ 35 minutes, et ce fût une bonne surprise. On saluera la balance, qui, contrairement à Lille pour The Horrors, n’aura pas massacré cette première partie.

Bien bien, l’horloge tourne, bientôt 21h, le stade n’est pas plein. J’aperçois Kessler à droite, et des petites mains qui font coucou à la Davinou…AH mais c’est lui justement ! Petit coquinou. Quant au roi, il est toujours dans mon axe avec sa couronne, il va falloir la jouer tactique dès l’entrée de scène du groupe et tenter de se décaler d’une demie-semelle sur la droite. Eureka, j’y parviendrai.
21h, c’est bon, je ne sais plus comment je m’appelle. Le titre des Beatles Revolution réveille le Stade qui a fini par se remplir, annonçant l’arrivée du groupe. Allumage des écrans géants, petites bottes animées de révolutionnaire en action, bruits de pas, pendant que le groupe monte les escaliers pour se placer. Les bottes laissent place à un écran représentant des éclats de peinture, les accords saturés de la Gretsch rouge de Martin, assortie à sa veste, balancent Going Backwards (ouvrant leur dernier album Spirit), le stade exulte.
Bordel de merde, j’y suis. 2009, 2013 et maintenant 2017, le stade est toujours un moment spécial. Non pas que j’aime ce lieu, j’insiste, les concerts en stade ce n’est pas la « panacée », je préfère 100 fois les groupes en salle, mais être tout devant, au Stade de France, avec cette masse dans votre dos, c’est à coupler le souffle. On se sent vraiment privilégié.

Dave Gahan a décidé de porter sa veste argentée, toujours en lien avec ses bottines, elles aussi argentées, ainsi que son petit gilet Spencer (comprenez par là que s’il avait mis sa veste rouge à paillettes, il aurait eu son gilet rouge et ses bottines rouges). Toujours en opposition à Martin, qui lui, ce soir, porte le rouge à merveille. Et Fletch ? Bah Fletch quoi, neutre (mais si important).
LE SON, mais quel son !! Je ne sais pas ce qu’il en était dans les gradins, mais devant, à tomber par terre. Cette batterie, je ne cesserais de le dire, mais la batterie de Christian Eigner reste une des meilleures à entendre en live. Une telle puissance, c’est tout ce que j’attends d’une batterie, sans parler du nombre de fûts et « rototom » donnant un relief hors pair. Petit bémol sur les 2 derniers titres, I Feel You et Personal Jesus, où les basses ont clairement été poussées à leur max…mes tympans ont faillis exploser et la voix de Dave Gahan n’était plus aussi discernable.

Le groupe est heureux d’être là, il y a dans l’air quelque chose de particulier, ce petit quelque chose qui fait basculer certains concerts dans les mémoires, ou dans les abysses. Ce petit quelque chose n’était pas là à Nice, ni à Lille. En même temps, depuis, le groupe a bien rodé sa tournée débutée fin mars, et puis Depeche Mode et Paris, c’est une belle histoire d’amour. Le groupe donnera tout ce qu’il a dans le fin fond de ses tripes. Dave Gahan à qui on reproche souvent de « juste faire le job » en fera encore plus ce soir. Tournage de micro, déhanchement, p’lotage de cacahuètes, cris, courses, danses endiablées sur l’estrade surplombant la scène principale, avancée de scène plus qu’à l’habitude, partage avec le public jusqu’à prendre le téléphone d’un fan au premier rang pour se filmer et filmer la foule (on regrettera juste la coque du portable à l’effigie d’Indochine quoi….). Bref, la bête est sortie de sa cage !

La setlist laisse monter la sauce doucement, même si Barrel Of A Gun plombe toujours l’explosion du public dès le début (elle devrait être placée avant un rappel). A Pain That I’m Used To fait basculer la foule dans la joie qui est la première étape du processus « en concert avec DM ». La seconde étape, l’extase, arrivera avec In Your Room, sublimée par une danse contemporaine du style « je t’aime moi non plus » en fond d’écran, puis la communion somptueuse sur World In My Eyes avec une foule, pouce et index joints représentant les célèbres « eyes » , avant d’arriver sur l’émotion pendant le passage solo de Martin Gore, puis de repartir sur la dernière étape, l’hystérie (je ne vous parlerai pas de l’étape ultime : la violente retombée à la fin du show).
Martin Gore, semblant toujours intimidé, nous fera l’honneur d’interpréter Judas, petite entorse à la setlist inchangée depuis des lustres remplaçant A Question Of Lust (enfin, non, Judas a été jouée à une autre date, ainsi que Strangelove), toutefois, on aura encore Somebody et Home. Le public reprendra à l’unisson chaque refrain, même une fois la chanson terminée. Dave Gahan, revenant sur scène après Home, fera durer ce moment, en demandant à Peter Gordeno de relancer 2 petites notes de piano.

Les beaux moments du concert ont été nombreux. Tout d’abord, Cover Me, qui a réellement réussi à se faire une place indétrônable sur cette tournée, accompagnée sur l’écran géant d’un petit film en noir & blanc avec un Dave Gahan astronaute, triste et perdu, souhaitant regarder le monde d’en haut. Egalement attendu, le film diffusé durant Walking In My Shoes, toujours aussi magnétique, mettant en scène un musicien asexué d’une très grande beauté (maquillé, cheveux bruns et verts, chaussures à talons). Mais également les hymnes Enjoy The Silence, I Feel You et Personal Jesus transcendant littéralement chaque individu ayant son cul hier soir dans le Stade, la reprise de Heroes en hommage à Bowie sobrement illustrée avec un drapeau noir flottant au vent (Dave Gahan lancera un bisou dans le ciel à la fin), le clin d’oeil aux fans de la première heure avec EveryThing Counts et son intro revisitée, et bien évidemment, les champs de blé sur Never Let Me Down.
Concernant ces derniers, j’avais été frustrée sur les 2 dates de Nice et Lille, écourtés et pas réellement lancés par Dave Gahan, occupé à lancer des T-Shirt sur l’avancée de scène. Hier soir, j’ai retrouvé mes champs, avec les petites mains tremblantes en l’air à attendre le top de départ. Dave Gahan les fera durer, et ne viendra qu’à la toute fin sur l’avancée pour offrir 3 T-shirt via le pistolet (bazooka) à air. Putain que c’était beau, tout ce stade balançant de gauche à droite ses bras sur des « see the stars they’re shining bright« , pas besoin de drogue, je plane total (surtout avec les flash des portables illuminant le stade et recréant un ciel étoilée avec comme voi(x) lactée, celle de Dave Gahan).

Le moment toujours un peu difficile pour des raisons personnelles arrivera pendant la superbe Stripped, avec un groupe totalement hypnotique (j’ai filmé pour le coup). Comment ces mecs ont pu écrire de telles pépites, et ce depuis plus de 35 ans ? Chaque album possède des tubes, que ce soit dans le sens le plus simple et évident (Personal Jesus,Wrong) , que dans la complexité (Walking In My Shoes, Barrel Of A Gun, Enjoy The Silence) et la beauté (Stripped, Never Let Me Down…). Cependant, toujours pas de titre du Delta Machine…un de mes albums favoris.
Le groupe est soudé, Dave Gahan ira embrasser Martin à plusieurs reprises, le prendra dans ses bras et laissera le public lui rendre hommage en hurlant un « Martin L ……. (Gore) ». Fletch remuera ses gambettes, oh miracle ><. Christian assure comme jamais à la batterie, et tenir 2h20 à ce rythme, autant vous dire qu’à la fin, il était épuisé !
23h20, c’est le moment du « See you next time ». Dave restera assez longtemps sur scène remercier le public, plus qu’à l’habitude. Le public lui, est chaos. Les spots se rallument, la scène n’est plus qu’un souvenir, vidés de ses âmes, et nous, nous ne sommes que des ombres titubant. Je reste un bon moment à ma place, bousculée par celles et ceux se dirigeant vers la sortie, et puis je fonds en larmes, exactement comme en 2009. Dans ma tête un mélange de « bordel, qu’est ce qu’on vient de se prendre dans la gueule ?? » et de « ils sont partis ».

Depeche Mode sait embarquer un stade, mais bien au delà, il a su fédérer un public fidèle depuis tant d’années, surnommé les Devoted. Tels les phœnix qui renaissent de leurs cendres (et l’expression me parait bien faible face aux étapes par lesquelles le groupe est passé), il savent prendre des risques sur leurs compositions, toujours en quête de modernité, mais toujours emprise du « son » Depeche Mode. Ce qu’ils font, il n’y a que qui le peuvent, ils sont inimitables, comprenant un compositeur hors norme, un showman indéniable et un public exceptionnel.
Il ne suffit pas de produire du majestueux pour l’être sur scène, mais le groupe a su trouver la recette. Toutefois, le groupe perd de sa superbe en stade, je ne l’ai pas ressenti hier en étant placée devant, mais je sais ce qu’ils valent en salle…Tant que Dave Gahan n’utilisera pas plus l’avancée de scène et que la scène ne sera pas plus adaptée aux tailles des stades, il manquera la petite pincée de sel rendant l’ensemble absolument parfait.

Mes excuses pour ne pas avoir pris ma belle médaille et mes chaussures vertes…je craignais la pluie (pourtant absente) :
Plusieurs sms reçus de personnes présentes hier soir et pas de vrais inconditionnels, me rassurant sur ce que j’ai pu ressentir :
- « Mélou, ce concert était monstrueux »
- « Impressionnant »
- « Ils reviennent quand, je me suis pris une sacrée torgnole »
- « magistral »
- « je te comprends pour la retombée post-concert »
Ouais, en tout cas, le temps de redescendre, on ne prendra le métro qu’à 1h15 et certaines planaient encore…(et merci Eli pour ta bonne humeur !!!)

J’avais terminé ma chronique de Nice par ces mots et j’aimerais terminer celle-ci par les mêmes :
Cette tournée s’annonce sous les plus belles esquisses que le groupe a déjà pu dépeindre. Depeche Mode continue d’impressionner, de surprendre, de donner tout ce qu’il a et de se maintenir au sommet de son art qui reste inconditionnellement le plus perceptible dans la scène.
Fort de leur nouvel album Spirit, déroutant pour certain, pépite pour d’autres, mais risqué à l’unanimité, la tournée mettra tout le monde d’accord, face à l’intensité déployée hier et ce, chaque soir. Ils sont inimitables et tout simplement des monstres de scène ! Oui, Depeche Mode est le plus grand groupe du monde.
Je rajouterais juste : merci de me faire sentir aussi vivante
Setlist :

==> Ma Galerie Photo <==

Que de belles rencontres samedi, on et off-stage !
Vous êtes une clique de sacrées bonnes femmes.
Merci beaucoup Mélissa.
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Très beau récit, tu as su dépeindre à merveille ce concert, les sensations que l’on peut ressentir quand on est fan. C’est juste incroyable, magique ! Tu a su mettre des mots sur des choses inexplicables pour ceux qui, comme tu dis, ne sont pas des inconditionnels. Je ne suis toutefois pas d’accord sur ce que tu dis a propos de Lille, j’ai ete totalement transportée 🙂 Merci pour ton article et oui, Depeche Mode est bien le plus grand groupe du monde ! Le seul a me faire ressentir autant d’emotions a travers leur musique. Contente de t’avoir lue. Une fan devited depuis 23 ans !
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23 ans…et bah, tu as connu la tournée SOFAD ! Merci beaucoup pour ton petit commentaire ça me touche.
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