Épisode 3/8 : On a rendu visite à Elvis, à Gibson, à Martin Luther King…et à Patty
Introduction : voici l’épisode 3/8 de mon road-trip à travers 4 États des USA. Après la côte Ouest, la côte Est et les grands parcs naturels, me voilà dans le sud pour 16 jours mois de mai, avec mes 2 supers amies. Autant vous dire que je ne sais par où commencer.
Je vais couper en 8 épisodes mes récits. Ils seront par ordre chronologique du voyage sauf concernant l’épisode « Pays des plantations ». Il me semble plus logique de rassembler toutes les plantations dans un seul article et ne pas les éparpiller.
Pour vous repérer, en bleu le trajet réalisé à travers la Louisiane, le Tennessee, le Mississippi et l’Arkansas (2000 miles)
On pose le décor :

Arrivées à Memphis le 5 mai au matin, direction la maison de Patty, notre hôte pour la nuit. Forcément, c’est une fan d’Elvis, où il trône un peu partout dans la maison…Valises posées, on ne perd pas de temps, go dans le centre ville pour la visite de la Gibson Factory.
Gibson Factory : une super visite dans une des seules usines Gibson au monde. Il en existe 3 (Nashville, Memphis et Japon), celle-ci est spécialisée dans les commandes particulières, elle reste très artisanale avec 65 guitares/jour. La visite se fait en anglais évidemment et avec le bruit, concrètement, vous entendrez rien mais vous verrez travailler les petites mains de A à Z. Chaque guitare est testée et garantie à vie. Elles sont peintes à la main en ce qui concerne les finissions (4 jours sont nécessaires entre chaque couche de peinture). A la fin de la visite, vous pourrez gratouiller les guitares en exposition et vous ramener un petit médiator souvenir.
Pour info : la visite dure 45 minutes, 10$. Prenez la visite avant 15h, pour être sur de voir tout le monde en activité.

Après ce moment musical et un hamburger en vitesse (là, pas le choix), nous partons vers une maison de légende, Graceland !
Graceland : la maison d’Elvis Presley est le 2e site le plus visité des USA (derrière la maison blanche). Autant dire qu’on s’attendait à voir du monde, mais d’après nos guides, il ne fallait pas y aller le matin. A 15h, les frenchies sont donc face à Graceland avec leur Ipad et Blues Suede Shoes dans les oreilles. La visite est très bien organisée : vous vous garez sur un immense parking, puis prenez une navette inclut dans votre prix du billet, jusqu’à Graceland. On vous prête également un Ipad qui vous montre différentes photos, films, éléments sonores, s’activant en fonction des pièces où vous vous trouvez.
Elvis a acheté Graceland (la personne qui vendait la maison s’appelait Grâce, tout simplement) en 1957 après le succès de son premier album. Il a fait venir ses parents vivre avec lui, ainsi que sa future femme Priscilla, puis sa fille Lisa-Marie. Elvis y vivra jusqu’à sa mort, en 1977 (crise cardiaque dans sa salle de bain d’après internet, dans son salon donnant sur la salle de Squash d’après la visite).
Toute la maison se visite, sauf le 1er étage (chambre d’Elvis). Vous passerez du salon jaune et bleu, à la chambre violette de ses parents, à son salon aux 3 télés jaune citron piquant les rétines, à son salon surnommé « la jungle » avec de la moquette verte au sol et au plafond (il a décidé de faire son salon suite à sa fièvre jaune), à sa salle de billard très moche avec des murs habillés de draps, à sa piscine, a sa salle de squash transformée en musée de disques d’or et costumes, ainsi que toute une partie dédié à tous ses trophées et son haras….

La maison est restée inchangée depuis sa mort. Sa fille vient se reposer parait-il dans la jungle (le dimanche ?). Il faut évidemment remettre la décoration dans le contexte des années 70. Par contre, il est incroyable de voir autant de récompenses pour un seul homme, sachant qu’il est décédé à l’age de 42 ans… Je m’attendais cependant à une maison, d’extérieur, plus imposante.

Sa tombe, est placée entre celle de son père et de sa grand-mère. A l’origine, il était enterré au cimetière de Memphis mais suite à des dégradations, Graceland lui a fait une petite place.

Pour info : on y était à 15h, il n’y avait personne ! Ne pas y aller le matin car tous les cars de touristes débarquent et c’est une horreur. Le tarif pour la visite de la maison est 45$, si vous souhaitez visiter également les avions d’Elvis et sa collection de voitures, le prix est de 80$.
Pour la petite anecdote, un monsieur d’environ 50 ans pleurait dans la navette du retour en disant que c’était la meilleure visite de sa vie. Justine lui a répondu « normal, vous n’avez pas encore vu Paris » et l’Américain lui répondit « What ? Paris ? What is This » donc bref, on eu beau lui parler de la France et de sa capitale, le mec ne connaissait pas, ou alors Elvis lui a vraiment retourné le cerveau…
Après toutes ces émotions, nous revoilà parties pour le centre ville de Memphis, et la visite du très célèbre Sun Studio.
Sun Studio : le Sun Studio, s’appelait à l’origine le Memphis Recording Service, et a vu passer les plus grands nom du rock et du blues. Il fut le premier à enregistrer Elvis Presley. En effet, la secrétaire du studio, Marion Keisker, est tombée sous le charme du livreur du coin, Elvis, qui souhaitait enregistrer une chanson pour sa mère…la suite on la connait.
La visite commence à l’étage où l’histoire du studio est décortiquée à travers les pionniers comme son fondateur Sam Phillips (ancien ingénieur son à la radio WREC), en 1950, ou encore Ike Turner, BB King, Junior Parker…Des extraits musicaux seront lancés par le guide qui vous invitera à chanter (si vous le pouvez). Le studio était un des très très rare du pays a enregistrer des artistes noirs et reste très bancale. Ainsi, Sam Phillips commence à travailler avec d’autres studios comme un à Chicago, et leur envoie les démos du Sun Studio. C’est le cas en 1951 : le 1er titre « rock n’roll » est mixé, il s’agit de Rocket 88 par Ike Turner. Hélas, toutes les retombées économiques iront au studio de Chicago car la licence a été vendue aussitôt. Le label est toujours fragile et prendra le nom de Sun Studio en 1952. Sam Philips se tourne vers l’alcool et sera interné en hôpital psychiatrique avec quelques traitement électriques…En 1953 il commençait à voir le bout du tunnel avec le premier grand succès du label Sun Records, un titre de Rufus Thomas. Hélas, encore une fois, le label est anéanti par une histoire de copyright sur ce titre. Sam Phillips ne lache pas l’affaire, et continue d’enregistrer, notamment avec des prisonniers puis Johnnie Ray en 1953. C’est avec Ray que Sun commencera à se faire un nom à Memphis et qu’Elvis entendra parler du studio.

Cette même année, Sam Phillips cherche un homme blanc avec la voix d’un bluesman. Il rappelle Elvis qui était venu faire un essai, puis pendant 24h, ils tenteront de sortir quelque chose, en vain. Dans la nuit, Elvis pris sa guitare et se fut une révélation. Il enregistra « That’s All Right » qui sera diffusé peu de temps après dans l’émission radio de Sam Phillips…Il aima tellement ce titre, qu’il le passa plus de 16 fois en 2h…la folie. Les auditeurs ont fait surchauffer la ligne pour savoir qui était ce chanteur noir.
En 1955, Sun Records accepta de vendre la licence de Presley à un label national, pour la somme de 35 000$, du jamais vu à l’époque. Elvis s’y était opposé mais Sam Phillips avait toujours des dettes à régler vis à vis du procès en copyright du titre de Rufus Thomas. C’est ainsi qu’Elvis signa chez le célèbre RCA Records. Avec les 35 000€, Sam Phillips a pu rembourser ses dettes mais surtout promouvoir d’autres jeunes artistes comme Johnny Cash, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis, et Roy Orbison.
En 1956, Johnny Cash, Carl Perkins et Jerry Lee Lewis sont au studio. Carl Perkins souhaite ré-enregistrer son tube Blues Suede Shoes et Elvis entend la nouvelle, il débarque au studio. C’est le début d’une soirée d’anthologie, immortalisée par le cliché surnommé Million Dollar Quartet (en effet, à eux 4, ils pesaient plus d’1m de $). Sam Phillips a branché les micros et a enregistré toute la session improvisée. Seulement, Elvis n’est plus sous contrat Sun Records, il ne peut donc pas publier cette session (du moins pas tout de suite). Sam Phillips contactera la presse et fera le célèbre cliché. Johnny Cash est bien présent sur la photo, mais on ne l’entend pas sur les bandes.

Après la visite en haut, vous accéderez au célèbre studio d’enregistrement, en passant par le bureau de Marion Keisker. Le studio a conservé des instruments d’origine comme la guitare de Johnny Cash, une batterie laissée par U2 ou encore, le micro d’Elvis (oui, le vrai de vrai, que vous pouvez toucher, ou embrasser, comme vous voulez, mais dites vous que des milliers de personnes sont passées avant vous)
Le son particulier du Sun serait du aux amplis bourrés de liasses de papiers journaux.
Idem, pour la petite anecdote, le son au début de la chanson I Walk The Line, de Johnny Cash (tchikiti tchikiti tchikiti), n’est pas fait avec des maracas ou sur une batterie, mais tout simplement à la guitare, où Cash a placé un billet d’1$ sous les cordes :

Pour info : la visite dure 45 minutes, avec un guide super dynamique et heureux d’être là. Comptez 10$ et une belle boutique au rez de chaussé où vous pourrez prendre un verre
Pour se remettre de cette journée, on va manger une belle salade en terrasse à l’étage d’un bar en extérieur, où il y a un concert, donnant une vue superbe sur Beale Street, la rue la plus animée de la ville, nuit et jour, musique, restos, boutiques…et piétonne. Que du bonheur ! Quelques mètres plus loin, le stade de Baseball est plein à craquer (soir de match oblige…).

Il est temps de repartir chez Patty et de dormir avec…Elvis ! (en espérant que Patty n’arrive pas à ce moment là quoi) :

Le lendemain, petit dej’ Ihop puis visite du National Civil Rights Museum.
National Civil Rights Museum : Ce musée est tout simplement incroyable, poignant, prenant aux tripes. Il est collé au tristement célèbre Lorraine Motel, où s’est fait tuer Martin Luther King au balcon de la chambre 306, le 4 avril 1968. Il était venu féliciter les éboueurs de la ville en grève peu de temps auparavant.

Le musée proposait au RDC une superbe exposition sur l’histoire de l’esclavage, complétant parfaitement notre route des plantations. Elle explique le sens caché des chansons chantées à l’époque par les esclaves, les différentes façons de fuir, les maisons avec des écussons en langage codé (maison de propriétaire, maison de policier, maison de sauveur, maison de traitre…) permettant aux esclaves en fuite, de trouver de l’aide. On nous expliquera également la législation en matière d’esclavage, jusqu’à son abolition (j’en parlerai dans l’épisode dédié à la route des plantations). Le tout en musique.
Ensuite, direction le musée à proprement parlé, passant de Rosa Parks (femme noire refusant de s’assoir à l’arrière d’un bus) à Malcolm X, aux Black Power, Black Panthers, la révolte des éboueurs, Martin Luther King …toute l’histoire des Afro-Américain, de leur statut d’esclaves à leur statut de sous-merde, à nos jours. J’avoue qu’en sortant, on a un peu le bide retourné et on peut comprendre qu’encore aujourd’hui, bon nombre d’entre-eux, se méfient de nous. Le musée est magnifique, avec de très belles sculptures pour reconstituer différentes scènes historiques, ça reste une de mes visites coup de cœur

La fin de la visite vous laisse dans la chambre où Martin Luther King se préparait pour donner son discours, avant qu’il ne soit assassiné sur le balcon. Après ça, on vous encourage donc à traverser la rue pour visiter le 2e bâtiment (on n’a pas pu, manque de temps).
Pour info : l’entrée est à 15$. Vous pouvez facilement y passer 3-4h. Il est scindé en 2 parties, les bâtiments sont coupés par la route. Le principal concerne toute l’histoire de la ségrégation, de l’esclavage à nos jours en terminant sur une vitre donnant sur la chambre 306 à l’étage. Le second concerne plus le meurtre de Martin Luther King.
Après ça, petit cafouillage sur le nom d’un musée.. On voulait faire le Memphis Music Hall Of Fame et puis on s’est retrouvé au Blues Hall Of Fame. Quoiqu’il en soit, on a donc fait les 2 (chacun 10$) mais aucun ne vaut vraiment le coup par rapport à nos précédentes visite. Le premier retrace les bluesman introduits, avec simplement un couloir en U comprenant des salles individuelles où vous pouvez vous faire péter du blues à tue-tête (mais il faut le temps pour parcourir tous les titres). Le second expose des reliques (fringues, guitares) mais rien de plus, il a ouvert il y a un an

Concrètement, énoooorme coup de cœur pour cette ville et pour Beale Street. Ça respire la musique, le bien être, le bonheur quoi. Ça sent le barbecue sur des airs de rock, ça transpire l’histoire, bref, 2 jours encore merveilleux !

La ville a également un petit quartier plus bobo, avec des terrasses sous les arbres et du street art, le tout dérangé par le passage d’un petit trolley :

Au revoir Tennessee et en route vers l’Arkansas. Suite au prochain épisode.
==> La Galerie Photos <==
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ça c’est de l’aventure !!! 😀
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